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Le point histoire sur le vin en Moldavie

Préhistoire de la viticulture moldave

La présence de la vigne sur le territoire de l’actuelle République de Moldavie est attestée dès le Cénozoïque, il y a environ 70 millions d’années, avec une empreinte de feuille de Vitis teutonica trouvée près du village de Naslavcea (district de Donduseni). Du Miocène, vers 23 millions d’années, proviennent également des graines de Vitis aestivalis Michx. et d’Ampelopsis, découvertes dans la région du village de Bursuc (district de Floresti).

La domestication et la culture de la vigne sauvage s’amorcent au cours de la civilisation Cucuteni-Trypillia (6e–4e millénaires av. J.-C.), l’une des plus anciennes d’Europe, présente sur le territoire actuel de la Moldavie. Des fouilles archéologiques confirment la présence de graines de vigne cultivée :

• au village de Ruseștii Noi (district d’Ialoveni), une trace de graine imprimée sur un tesson de poterie, datée du milieu du 4e millénaire av. J.-C., correspond à une variété à petits grains
• au village de Varvareuca (district de Floresti), une autre trace du début du 3e millénaire av. J.-C. correspond à une variété à gros grains.

Colonisation grecque (8e–3e siècle av. J.-C.)

Au cours de la colonisation grecque de la côte nord-ouest de la mer Noire, des cités comme Olbia, Tyras et Histria devinrent des centres commerciaux des Grecs qui y importaient du vin pour le vendre aux populations locales, notamment aux Gètes. Des fouilles confirment la diffusion de ces échanges par la découverte de céramiques et d’objets de luxe.

La culture des vignes existait déjà localement mais restait limitée en cépages et en techniques. La demande croissante pour les vins grecs a stimulé l’importation de nouvelles variétés et de méthodes culturales avancées. Les colons introduisirent des plantations denses, une taille courte et une gestion réduite de la charge en fruits, ce qui améliora la qualité des raisins produits.

Les échanges et les croisements générèrent de nouvelles variétés adaptées au climat et aux sols moldaves. La diffusion du vin comme produit commercial est confirmée par des monnaies de Tyras datées des 3e–2e siècles av. J.-C., représentant des motifs de vigne.

Période romaine et dace (2e–3e siècles)

Le témoignage du grec Hérodote (484–425 av. J.-C.), qui vécut un temps à Tyras (aujourd’hui Bilhorod-Dnistrovskyi), décrit les Scythes, ancêtres des Gètes et Daces installés dans la région, comme grands consommateurs de vin. Ils l’auraient bu abondamment, généralement dilué. Ces sources indiquent qu’à l’époque romaine et dace, la vigne et le vin étaient probablement déjà bien intégrés aux pratiques locales.

Moyen Âge chrétien (9e–14e siècles)

Avec l’adoption progressive du christianisme, le vin prend une place centrale dans les rites religieux. Utilisé pour l’eucharistie, il devient indispensable aux communautés chrétiennes. Les églises et monastères implantés dans la région organisent leurs propres vignobles, situés sur des sols adaptés, et construisent de petites caves destinées à la vinification.

À partir de la fin du 12e siècle, avec la formation des principautés de Valachie et de Moldavie sur les ruines de l’ancienne Dacie, la production de raisins commence à occuper une place très importante dans l’économie. Des documents royaux de cette époque mentionnent l’existence de grands vergers et vignobles, la perception de dîmes sur la production de raisins, de miel et de vin, ainsi que l’exportation vers des villes de Russie et de Pologne.

Grâce aux nombreux axes commerciaux que constituent le Danube, le Prut, le Dniester et la Mer Noire, la principauté de Moldavie devient effectivement un carrefour d’échanges important entre la Pologne, l’Allemagne, la Hongrie, la Transylvanie et Byzance.

État féodal et époque d’Étienne le Grand (14e–16e siècles)

Sous le règne d’Étienne le Grand (1457–1504), la production de raisins est encouragée au sein des cours princières. Le vin moldave devient un produit essentiel dans les relations diplomatiques. En 1483, l’alliance avec la Russie est consolidée par le mariage de sa fille Elena Stefanova Volosanca avec Ivan le Jeune, fils du tsar Ivan III, améliorant encore le commerce du vin moldave vers la Russie.

À la fin du 16e siècle, la Moldavie est le principal fournisseur de vin pour les marchés russe et polonais. Cette période est suivie par l’occupation ottomane : la production de vin est alors restreinte, voire interdite, et le développement viticole connaît un déclin durable jusqu’au début du 19e siècle.

18e siècle : Dimitrie Cantemir et la première classification des vins

Sous le règne de Dimitrie Cantemir (1673–1723), on assiste à la première tentative de classification. Dans son ouvrage « Descriptio Moldaviae », il consacre un passage aux vignobles et aux vins, qu’il décrit comme l’une des plus grandes richesses du pays.

Il distingue plusieurs terroirs et hiérarchise leur qualité. Le vin de Cotnari est présenté comme le plus prestigieux, jugé supérieur à d’autres grands vins européens, y compris le Tokay. Suivent les vins de Huși, Odobești, Nicorești, puis ceux de la région de Tecuci, ainsi que de villages comme Grecești et Costești, dans le comté de Tutova.

Ces vins circulent non seulement à l’intérieur de la principauté, mais également vers la Russie, la Pologne, la Transylvanie et la Hongrie. Malgré le déclin imposé par la domination ottomane, certaines régions comme Chilia et Ismail continuent à produire du vin pour la consommation locale.

19e siècle : colonies, modernisation et expansion viticole

Après le traité de Bucarest de 1812 et l’annexion de la Bessarabie par l’Empire russe, la viticulture moldave connaît une transformation profonde. Pour encourager le peuplement, l’administration offre aux colons étrangers des terres (65 hectares !) et des exemptions fiscales. Des familles venues d’Allemagne, de Suisse, de Bulgarie, de Grèce, d’Arménie et de France s’installent, tout en apportant leurs cépages et leur savoir-faire. Près de 12% du territoire de la Bessarabie appartient à ces familles en 1861.

En 1842, une école d’arboriculture est créée. Elle devient le Collège de viticulture et d’œnologie à partir de 1891. Ce centre forme les futurs spécialistes et participe aux expérimentations et à la diffusion de pratiques modernes. Une station expérimentale y est intégrée pour associer enseignement et recherche.

La surface viticole est multipliée par six au cours du 19e siècle, et la production est multipliée par quinze. Vers 1900, environ 70 % du vin produit est destiné au commerce. La Bessarabie occupe alors le 2e rang des régions viticoles de l’Empire russe (31% du total) par la superficie plantée et le 1er rang par le volume de production (50% du total).

Maladies de la vigne et crise phylloxérique (1855–1910)

La seconde moitié du 19e siècle est marquée par une succession de maladies dévastatrices :

• 1855 : apparition de l’oïdium dans les vignobles des plaines entre le Dniestr et le Prut.
• 1884–1888 : arrivée du mildiou, d’abord à Leova puis dans le comté d’Orhei, qui se propage rapidement à tout le territoire.
• 1886 : introduction du phylloxéra à partir de plants importés d’Allemagne (Erfurt).

Ces trois fléaux provoquent un effondrement du vignoble : en 1910, la superficie est déjà réduite de moitié. Face à la crise, deux solutions sont adoptées :

1. greffage des cépages locaux sur porte-greffes américains résistants ;
2. recours à des hybrides producteurs directs.

Ces mesures permettent une lente reprise, mais la structure du vignoble moldave est profondément modifiée, avec une part importante d’hybrides moins qualitatifs.

Première moitié du 20e siècle (guerres et rattachement à la Roumanie)

Au début du 20e siècle, la production viticole moldave sort difficilement de la crise phylloxérique. Mais les événements politiques et militaires viennent rapidement freiner tout redressement.

• Première Guerre mondiale et révolutions russes perturbent les échanges et la production.
• 1918 : intégration de la Bessarabie à la Roumanie. La production chute : de 5 à 6 millions de seaux de vin par an avant-guerre, elle tombe à 3,5 millions. Les processus de vinification, comme la maturation, sont presque à l’arrêt.
• Les difficultés économiques, le manque de crédits et le coût élevé des nouvelles plantations ralentissent la relance.
• Faute de moyens, la majorité du vignoble est constituée d’hybrides producteurs directs, qui représentent jusqu’à 93 % de la surface plantée.

Dans les années 1940, la Roumanie tente de relancer la qualité par l’arrachage progressif des hybrides et le retour aux cépages européens. Mais le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale interrompt ces réformes.

Période soviétique (1945–1985)

Après 1945, la viticulture moldave est restructurée sous le modèle soviétique.

• Le recensement de 1945 dénombre environ 98 500 ha de vignes, dont beaucoup âgées de plus de 20 ans, avec 15 % de manques.
• En 1953, la surface atteint 106 000 ha, concentrée à 83 % dans les kolkhozes.

L’encépagement se compose encore majoritairement d’hybrides (91 %), mais des programmes d’amélioration sont mis en place. Des assortiments recommandés pour la culture industrielle sont définis en 1945, 1952, 1958 et 1964 :

• pour le blanc : Aligoté, Feteasca, Riesling, Rkatsiteli, Traminer.
• pour le rouge : Cabernet S., Merlot, Malbec, Saperavi, Gamay, Rara Neagră.

Jusqu’aux années 1970, la Moldavie devient l’un des plus grands bassins viticoles de l’URSS, produisant en masse pour l’exportation en interne. La production reste orientée vers la quantité, mais la diversité des cépages européens commence à se renforcer au détriment des hybrides.

En 1985, la campagne de lutte contre l’alcoolisme lancée par le gouvernement soviétique frappe durement la Moldavie. Le décret du 16 mai ordonne la destruction massive de vignobles : environ 30 % des plantations disparaissent entre 1985 et 1987, plus que les pertes de la Seconde Guerre mondiale. La viticulture moldave subit un choc sans précédent, qui réduit brutalement son potentiel de production.

Indépendance de la Moldavie (1991–2019)

Avec l’effondrement de l’URSS en 1991, la production viticole moldave entre dans une nouvelle phase :

• 1992 : la République de Moldavie adhère à l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), devenant le premier pays post-soviétique membre.
• 1994 : adoption de la première loi sur la vigne et le vin. Elle introduit un cadre réglementaire moderne, notamment pour les appellations et les indications d’origine.

La transition économique entraîne la sortie progressive des exploitants des kolkhozes et sovkhozes, avec une restructuration difficile. Mais la Moldavie parvient tout de même à faire partie des 10 principaux pays exportateurs aumonde. Ce sont les embargos russes qui vont mettre à mal le secteur :

• 2006 : la Russie, principal client (80 % des exportations de vin moldave), interdit l’importation pour deux ans. La production chute de 63 %, les exportations de 41 %, le PIB de 4% et les pertes directes des domaines sont estimées à 185 millions de dollars.
• 2013 : un second embargo, de nature politique, frappe à nouveau le secteur. Les dommages sont moindres car les producteurs s’étaient diversifiés vers l’UE, l’Ukraine, la Biélorussie et l’Asie.

Ces chocs forcent le secteur à évoluer vers la qualité plutôt que la quantité, à trouver d’autres marchés à l’international et à moderniser progressivement les exploitations.

En 2013–2014, l’Office National de la Vigne et du Vin (ONVV) est créé et le label national « Wine of Moldova – A Legend Alive » est lancé. Ce programme regroupe les producteurs sous une même bannière, garantit un contrôle qualité rigoureux et s’appuie sur les indications géographiques protégées (IGP) : Codru, Stefan Vodă, Valul lui Traian, Divin.

En parallèle, l’Accord d’association avec l’Union européenne (2014) ouvre un accès en franchise de droits de douane au marché européen.

Le vignoble moldave aujourd’hui (2016 à aujourd’hui)

Depuis 2016, la viticulture moldave est entrée dans une phase de consolidation et de reconnaissance internationale :

• 2016 : mise en place du registre viticole national et des systèmes de traçabilité. Adoption des standards européens de qualité (PGI, PDO, TSG).
• Le vignoble couvre environ 117 000 ha, avec plus de 50 cépages.
• En moyenne, 600 000 tonnes de raisins sont récoltées chaque année, dont 220 000 à 280 000 tonnes transformées en vin.
• Lancement de la stratégie Wine of Moldova 2030, qui définit les axes de modernisation, d’investissement et d’adaptation au changement climatique.

Les producteurs misent sur la qualité, avec un accent sur les variétés autochtones et sur les cuvées haut de gamme. Résultat : 2020 est une année record avec 956 médailles remportées dans 32 concours internationaux (dont 417 d’or, 277 d’argent et 169 de bronze) pour 65 domaines.

La production de vins en Moldavie

Le vignoble moldave couvre 117 000 hectares en 2023, soit 1,9 % de la surface viticole mondiale. Parmi eux, 67 400 hectares sont consacrés à la production de vins. Les vignerons utilisent aussi bien des cépages locaux qu’internationaux.

Fait assez marquant, près de 4% du territoire de la Moldavie est recouvert de vignobles, soit l’une des densités au mètre carré parmi les plus importantes au monde. On note également qu'en comptant tous les métiers dérivés, 25% de la population active moldave a un lien avec la production viticole, ce qui est bien entendu gigantesque.

En 2024, les caves moldaves ont traité 179 000 tonnes de raisins, soit une baisse de 32 % par rapport à 2023. Cela a conduit à une production totale de 117 millions de litres de produits vinicoles (–34 %). La répartition est la suivante :

• 84,1 millions de litres de vins tranquilles
• 9,9 millions de litres de vins mousseux
• 23 millions de litres de vins destinés à la distillation
• Les vins sous indication géographique protégée (IGP) représentent encore une part réduite : 7 millions de litres en 2024 contre 13 millions l’année précédente.
• Les effervescents en IGP se maintiennent à 400 000 litres.
• Les vins pour distillation en IGP atteignent 12 millions de litres (–29 %).

La production moldave est largement tournée vers l’exportation. Selon les années, entre 60 et 85 % des volumes sont vendus à l’étranger. En 2024, les exportations ont atteint 144 millions de litres (+17 %), pour une valeur de 234,6 millions de dollars (+22 %). Ces ventes concernent 73 pays, les dix principaux marchés représentant plus de 80 % du total. La Roumanie, la Pologne, les Pays-Bas et les États-Unis figurent parmi les destinations majeures.

La structure des exportations reste dominée par le vrac, qui représente 55 % des volumes. Les vins embouteillésatteignent environ 30 % et progressent régulièrement, ce qui traduit une volonté de montée en gamme et de valorisation du label national « Wine of Moldova ».

Il faut noter que comme dans beaucoup d’autres pays, l’année 2024 a été marquée par des conditions climatiques difficiles, avec un impact direct sur les volumes produits. Néanmoins, la tendance de fond reste orientée vers la qualité, l’exploitation des cépages autochtones et la reconnaissance internationale, confirmée par les médailles obtenues dans les grands concours mondiaux.

Moldavie : géographie, climats et sols

La République de Moldavie se situe en Europe de l’Est, entre la Roumanie et l’Ukraine. Sa superficie est de 33 843 km², soit l’équivalent de la Bourgogne. Le pays s’étend du 45e au 48e parallèle nord, et entre 27° et 30° de longitude est, une latitude idéale pour la viticulture, comparable à celle de Bordeaux, de la Toscane ou de la Bourgogne. La capitale, Chișinău, se trouve au centre du territoire. La Moldavie n’a qu’un accès très réduit au Danube, sur quelques centaines de mètres au sud du pays.

Le relief est constitué de plaines et de collines, avec une altitude moyenne de 147 mètres. Le point le plus élevé culmine à 429 mètres. Les fleuves Prut et Dniestr encadrent le pays et traversent les terres du nord au sud avant de rejoindre la mer Noire. Ces vallées sont autant de terroirs variés et favorables à la vigne, offrant un drainage naturel et de bonnes expositions. La région du Codru et ses surfaces boisées protège une grande partie des vignobles des influences de l’air froid venu du nord. D’ailleurs, environ 10 % du territoire national est recouvert de forêts de feuillus.

Le climat est continental tempéré, modéré par la mer Noire toute proche. Les hivers restent courts, mais les températures peuvent descendre sous les −30°C dans le nord. Dans le sud, ils sont plus doux. Les étés sont longs, chauds et secs, avec des épisodes pluvieux parfois intenses en juin et juillet. La moyenne de température atteint environ 19,5°C en juillet dans le nord, et 22°C dans le sud. En janvier, elle descend à −5°C au nord et −3°C au sud. Le pays bénéficie de 200 jours de soleil par an, soit 3 000 à 3 250 heures d’ensoleillement, un niveau particulièrement favorable à la maturation des raisins.

Les précipitations annuelles sont modérées, de l’ordre de 550 mm au nord à 405 mm dans le sud-ouest. La Moldavie dispose d’importantes ressources hydriques : 57 lacs naturels et plus de 3 000 réservoirs ou étangs artificiels permettent de compenser les déficits estivaux. Les hivers humides et les étés secs assurent un cycle équilibré pour la vigne, même si le gel peut menacer les ceps non protégés lors des hivers rigoureux.

Les sols sont variés et riches. On trouve principalement du tchernozium (terres noires fertiles), des sols bruns forestiers, des calcaires et des alluvions. Cette diversité est parfaite pour la production de blancs frais et aromatiques, de rouges puissants et de vins mousseux. Cela exige cependant un contrôle rigoureux de la vigueur de la vigne pour garantir la qualité.

Liste des régions viticoles en Moldavie

La Moldavie compte 4 grandes régions viticoles :

• Bălți (nord)
• Codru (centre)
• Purcari (sud-est)
• Cahul (sud)

Je vais brièvement vous présenter ces 4 régions avant d’aller davantage dans le détail avec les appellations IGP qui correspondent plus ou moins à ces régions.

Bălți (Nord)

La région viticole de Bălți, située au nord de la Moldavie, est marquée par un climat frais, avec des hivers rigoureux où les températures peuvent descendre sous les −30°C, et par des étés plus courts que dans le reste du territoire. Cette situation climatique limite le développement des grands domaines viticoles industriels mais favorise une production plus artisanale et familiale.

La production de raisins est principalement orientée vers les cépages blancs, avec l’Aligoté, le Pinot Blanc, la Fetească Albă et le Traminer. La majorité de la récolte est destinée à la distillation pour l’élaboration de l’IGP Divin, l’eau-de-vie moldave, ainsi qu’à la production de vins doux naturels et fortifiés. La production de vins de table reste minoritaire, mais on observe une émergence progressive de vins mousseux de qualité.

Codru (Centre)

La région de Codru occupe le centre de la Moldavie. Elle est entourée de zones boisées qui protègent les vignobles des hivers rigoureux et des sécheresses estivales. Le climat est tempéré, avec des hivers moins durs qu’au nord et des étés modérés.

Codru représente environ 60 % de la surface viticole du pays, ce qui en fait la principale zone de production. On y cultive surtout des blancs comme le Fetească Albă, le Fetească Regală, le Chardonnay, le Sauvignon Blanc et le Riesling, mais aussi le Cab. S., le Merlot et le P. Noir.

La production y est assez diversifiée : vins blancs frais et aromatiques, mousseux de qualité, cuvées équilibrées et rouges élégants dans certaines micro-zones. La région est également le centre industriel de la viticulture moldave. Elle regroupe de nombreuses caves et installations d’embouteillage.

Les caves les plus connues sont Cricova, Mileștii Mici, Românești et Brănești. Les galeries calcaires souterraines, utilisées comme chais de vieillissement, offrent des conditions stables de température (12–14°C) et d’humidité (80 %). Cricova et Mileștii Mici possèdent parmi les plus vastes collections de vins au monde.

Purcari / Nistreană (Sud-Est)

La région de Purcari, aussi appelée Nistreană (dont la Transnistrie), est située au sud-est de la Moldavie, le long du fleuve Dniestr. Le climat y est chaud et sec, adouci par la proximité de la mer Noire. Les étés sont longs et favorisent la maturité du rouge, tandis que les hivers y sont plus doux que dans le nord du pays.

La zone est réputée pour ses vins depuis le 18e siècle. Les cépages dominants sont le Cab. S., le Merlot et la Rara Neagră, ainsi que le Chardonnay et le Sauvignon Blanc. Les vins produits sont principalement des rouges puissants et charpentés, élaborés dans un style proche de celui de Bordeaux, avec un potentiel de garde élevé. Ils développent des arômes de cassis, de violette et de cuir, souvent affinés en barriques de chêne.

Le domaine le plus connu est le Château Purcari, producteur de cuvées telles que le Negru de Purcari et le Roșu de Purcari. Ces vins ont acquis leur réputation internationale dès le 19e siècle, exportés vers plusieurs cours royales européennes, notamment celle du Royaume-Uni.

Cahul (Sud, Bugeac)

La région de Cahul couvre le sud de la Moldavie. Elle comprend le territoire du Bugeac, situé entre le Prut, le Dniestr et la mer Noire. Le relief est constitué de plaines et de collines basses. Le climat est chaud et sec, avec des étés très ensoleillés et des hivers relativement doux.

Ce terroir est particulièrement adapté aux cépages comme le Cab. S., le Merlot et la Rara Neagră, mais on y cultive également des blancs tels que la Fetească Albă et le Chardonnay.

La production est dominée par des vins rouges puissants et corsés, souvent demi-sec ou doux, mais aussi des vins de garde. Les blancs présentent un degré alcoolique naturellement élevé. Les caves les plus connues de la région sont Comrat, Taraclia, Ciumai et Trifești.

Le système d’appellation des vins en Moldavie

Maintenant que vous avez une meilleure compréhension du vignoble moldave, je vous présente maintenant les 4 zones en IGP du pays, à savoir :

• 3 IGP produisant du vin (Codru, Ștefan Vodă et Valul lui Traian)
• 1 IGP produisant de l’eau-de-vie (Divin)

IGP Codru

IGP Ștefan Vodă

IGP Valul lui Traian

IGP Divin

Les cépages des vins en Moldavie

La viticulture moldave comprend environ 67 400 hectares dédiés à la production de vin. Sur l’ensemble du vignoble, qui couvre 117 000 hectares, on compte environ 50 cépages utilisés. 70 % sont plantés en cépages blancs et 30 % en cépages rouges. La prédominance des vins blancs dans le pays est historique, mais la demande croissante en rouge a consolidé leur implantation dans le sud. À ce jour, on observe la répartition suivante :

• 85% de cépages internationaux
• 10% de cépages du bassin de la Mer Noire
• 5% de cépages autochtones moldaves

Les cépages blancs occupent surtout la région centrale de Codru, où le climat tempéré leur convient particulièrement. Les variétés dominantes sont le Rkatsiteli, le Sauvignon Blanc, le Chardonnay, l’Aligoté, le Riesling et le Muscat Ottonel. Ces cépages produisent des vins blancs aromatiques, frais et équilibrés, mais servent également de base à des vinsmousseux réputés.

Les cépages rouges se concentrent dans les régions méridionales, comme Ștefan Vodă, Cahul et Valul lui Traian. On y trouve surtout le Cabernet S., le Merlot, le P. Noir, le Saperavi et le Malbec. Ces cépages bénéficient des étés longs et chauds du sud pour produire des vins rouges corsés, structurés et adaptés à l’élevage en fût.

Comme évoqué plus haut, les cépages autochtones représentent aujourd’hui environ 5 % du vignoble, mais leur importance ne cesse de croître. Les plus emblématiques sont la Fetească Albă (blanc frais et aromatique), la Fetească Neagră (rouge profond et structuré), la Rară Neagră (rouge fruité et élégant) et la Viorica (blanc floral et muscaté). D’autres croisements locaux, comme Luminita et Riton, complètent le paysage.

Environ 1/3 du vignoble est planté en cépages aromatiques, comme le Muscat, le Traminer ou la Viorica. L’intérêt pour les variétés locales est renforcé par les programmes gouvernementaux et la demande internationale, qui encouragent leur développement.

Les cépages blancs des vins moldaves

Les cépages rouges des vins moldaves

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