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Vous aimez les Syrah du Rhône ou celles d’Australie ? Que diriez-vous de tester une cuvée de Syrah haut de gamme créée par le Master of Wine Robert Kershaw et hautement recommandée par les plus grands critiques (Tim Atkin, James Suckling… et moi-même !). Ce vin rouge sud-africain produit en Elgin Valley est travaillé comme un cru de Côte-Rôtie. Bref, un vin d’artisan pour des œnophiles passionnés.
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Fiche technique
Type | Rouge |
Cepage | Syrah |
Millesime | 2018 |
Garde | Consommation plus de 5 ans |
Volume bouteille | 0.75L |
Contexte / Situation | Viande rouge |
En savoir plus
Quand je parle de Richard Kershaw en boutique, je précise toujours un fait simple mais rare : il est le seul Master of Wine à vinifier en Afrique du Sud. Ce n’est pas un titre honorifique, c’est un homme de métier, qui a d’abord travaillé en cuisine avant de passer au vin. Il s’est formé sur le terrain, en vinifiant en Californie, Chili, Bordeaux, Hongrie et Allemagne, avant de s’installer dans la vallée d’Elgin en 1999.
Il a été chef de cave chez Mulderbosch, un nom connu dans le pays, avant de lancer son propre projet en 2012 : Richard Kershaw Wines.
Dès le début, ses vins ont été repérés : son Chardonnay 2012 a été sélectionné par Decanter parmi les 10 meilleurs Chardonnay hors Bourgogne, et ses Syrah – au style droit et tendu, façon Rhône nord – ont convaincu des pointures comme Jancis Robinson. Depuis, il avance avec une régularité impressionnante : clones spécifiques, rendements faibles, élevages millimétrés. Chaque détail compte dans son approche.
Le domaine Richard Kershaw Wines se trouve à Elgin, dans la région d’Overberg, au sud-est du Cap, en Afrique du Sud. C’est ici que l’on trouve le climat le plus frais du pays. Les vignes sont plantées en altitude, non loin de l’océan Atlantique, ce qui apporte une forte différence de température entre le jour et la nuit, et une couverture nuageuse régulière pendant la saison de maturation.
Rien à voir avec les régions plus chaudes comme Stellenbosch ou Paarl. Ici, le climat et le profil des vins rappellent plutôt celui de la Bourgogne du sud ou du nord de la vallée du Rhône. Cette fraîcheur permet au Chardonnay, à la Syrah et au Pinot Noir de mûrir lentement, tout en gardant une acidité marquée. Résultat : des vins tendus, profonds, avec du nerf et un degré d’alcool modéré.
Les vendanges se font à la main, en petites cagettes, avec un timing précis selon le clone planté et la nature du sol. Richard Kershaw pousse loin la démarche : chaque micro-parcelle est vinifiée séparément, et le choix des fûts est guidé par un algorithme qu’il a mis au point lui-même, en croisant des années de données terrain. En 2017, par exemple, cela représentait 21 lots vinifiés à part, issus de 11 parcelles différentes.
Le chai est situé directement à Elgin, à moins de 15 minutes de toutes les vignes, ce qui permet d’entrer les raisins très vite, sans risque d’oxydation. Le travail est gravitaire, sans pompe, sans adjuvants. Pas d’enzymes, pas de levures ajoutées : la fermentation est naturelle.
Pendant l’élevage, chaque lot est goûté toutes les six semaines, pour décider d’un ajustement ou de ne rien toucher. Richard privilégie une approche minimaliste, sans dogme mais avec beaucoup de rigueur.
Il ne produit que du Chardonnay, de la Syrah et du Pinot Noir, en très petits volumes. Les élevages sont précis, le bois toujours en retrait, la tension toujours là. Ce sont des vins pensés pour vieillir, et pour gagner en finesse avec le temps.
Elgin, c’est un plateau isolé, situé à 250–550 mètres d’altitude, à environ 70 km à l’est du Cap. Entourée par les montagnes du Hottentots-Holland, la vallée forme une cuvette naturelle. Les brumes matinales y stagnent, les journées se réchauffent lentement et l’ensemble reste étonnamment frais et humide pour une région sud-africaine.
Ce territoire appartient à la Kogelberg Biosphere, reconnue par l’UNESCO depuis 1988, au cœur du Cape Floral Kingdom. On y trouve une diversité végétale rare et une alternance de vergers de pommiers et de vignobles bien exposés. Rien à voir avec l’ambiance solaire et animée de Stellenbosch ou Franschhoek. Ici, tout est plus calme, couvert, tempéré. Pour les cépages sensibles à la chaleur, comme la Syrah, le Chardonnay ou le Pinot Noir, c’est l’un des meilleurs coins du pays.
On cultive de la vigne à Elgin depuis le 18e siècle, mais ça n’a jamais été la priorité. Pendant longtemps, l’essentiel des terres servait surtout aux vergers de pommes, bien plus rentables à l’époque. Et puis, Elgin était un coin difficile d’accès, enclavé derrière quatre cols escarpés qui isolaient complètement la vallée.
Il faut aussi rappeler qu’avant la fin de l’apartheid, le KWV, organisme régulateur sud-africain, bloquait quasiment toute nouvelle plantation de vignes à Elgin via un système de quotas stricts. Le développement viticole était littéralement verrouillé.
Tout change dans les années 1980, quand des chercheurs de l’institut Nietvoorbij s’intéressent sérieusement à Elgin. Ils y voient une zone viticole à climat frais, rare dans le pays, avec des conditions proches de la Bourgogne : maturation lente, acidité élevée, grand potentiel aromatique. Résultat, en 1990, Elgin obtient le statut officiel de wine ward, c’est-à-dire une appellation.
Depuis, ce sont surtout des vignerons engagés comme Richard Kershaw, Paul Clüver ou encore Iona qui font avancer la région, en misant sur une viticulture exigeante et précise, à contre-courant du style plus solaire dominant en Afrique du Sud.
Sur les 8 000 hectares de terres agricoles qu’on trouve à Elgin, seulement 800 hectares sont plantés en vigne. Le reste, ce sont surtout des vergers de pommes, qui couvrent à eux seuls près de 6 000 hectares. C’est la culture dominante ici : Elgin fournit plus de 50 % des pommes exportées par l’Afrique du Sud.
Côté vin, on compte 28 producteurs qui cultivent des raisins à Elgin, mais seuls 9 vinifient localement. Les autres envoient leur vendange ailleurs, ce qui fait que le terroir d’Elgin reste encore sous-représenté sur les étiquettes, alors que le potentiel est énorme.
Ceux qui vinifient ici pratiquent pour la plupart une viticulture durable, avec une attention portée à l’eau, à la biodiversité et au sol. Cinq domaines sont labellisés WWF Conservation Champions, et tous respectent les critères de l’IPW (Integrated Production of Wine), le référentiel sud-africain pour une agriculture raisonnée.
Elgin, c’est la région viticole la plus fraîche d’Afrique du Sud. Ce qui fait la différence ici, c’est l’ensemble des facteurs climatiques : brumes matinales fréquentes, pluies hivernales importantes (entre 600 et 1200 mm par an), et vents océaniques frais venus de l’Atlantique. Même en été, les températures dépassent rarement les 30°C, ce qui permet une bonne conservation de l’acidité.
La maturation est lente, souvent poussée jusqu’à la fin de l’été ou au début de l’automne, ce qui permet une accumulation progressive des arômes, une concentration naturelle et des degrés d’alcool modérés. Les raisins arrivent mûrs, mais sans excès de sucre, avec plus de fraîcheur et de complexité.
Côté sols, on a affaire à des terrains très anciens – entre 375 et 500 millions d’années – composés de granites sableux, de schistes de Bokkeveld, d’argiles anciennes, parfois mêlés à du gravier ou du limon. Ces sols pauvres, mais riches en minéraux, donnent des vins avec du nerf, souvent une tension saline, et une structure nette. Et comme la topographie du plateau varie beaucoup – pentes, creux, orientations – on observe une vraie diversité de microclimats, qui explique en partie la complexité des vins produits ici.
Aujourd’hui, 3 cépages dominent à Elgin : le Sauvignon Blanc (environ 38 % des surfaces), le Chardonnay (18 %) et le Pinot Noir (17 %). Ces trois-là donnent ici des expressions qu’on voit rarement ailleurs en Afrique du Sud : fraîches, nettes, tendues. Les blancs sont précis, ciselés. Les rouges, fins et parfumés.
Le Sauvignon Blanc est souvent vif, citronné, avec des touches de groseille verte ou de silex. Le Chardonnay, travaillé majoritairement à partir de clones bourguignons, est devenu une des signatures du coin : salin, citronné, minéral, parfois crayeux. Quant au Pinot Noir, il reste confidentiel mais très prometteur, avec une belle finesse florale et des tanins subtils qui rappellent certains vins de Bourgogne ou de Sancerre rouge.
Elgin abrite aussi quelques cépages plus rares : Riesling (très expressif, parfois au niveau de bons allemands), Syrah, Chenin Blanc, Viognier, ou encore Gamay Noir, vinifiés le plus souvent en microcuvées. Les meilleurs vins du secteur ont en commun une trame droite, une belle acidité, souvent une finale longue et une bonne capacité à vieillir. En dégustation à l’aveugle, ils tiennent tête sans problème à des crus venus du Valais, de l’Alto Adige, ou du nord de la Bourgogne.
Ce vin vient de cinq petites parcelles de Syrah situées dans la vallée d’Elgin, à l’est de la région de Western Cape. Ce coin-là, c’est l’un des plus froids du pays. Altitude élevée, brumes fréquentes, forte amplitude thermique : tout ralentit la maturation. Ce que Kershaw recherche ici, ce n’est pas la puissance brute, mais la précision. Il ne choisit pas ses vignes au hasard : chaque parcelle est sélectionnée pour son adaptation au clone planté (SH9c ou SH22), son sol et son exposition. Et c’est ce découpage chirurgical qui donne un vin aussi net et expressif.
Millésime 2018
Millésime 2017
Millésime 2016
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